4e de couverture : je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible [...]. Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade. J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière [...]. Elle pousserait la forte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère. La patronne lui apporterait une tasse de thé. Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : " C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie. "
Mon avis : si l'on peut toujours être critique quant à la vision imaginée et/ou imaginaire d'un pays pour un autre, d'un continent pour un autre comme, par exemple, les peintres dit orientalistes, dans Le testament français, c'est la France qui est conçue dans cette optique. Et c'est la vision mythique de la France à travers les yeux de Charlotte Lemonnier que nous restitue son petit-fils, qui, au fil des années, est devenu son confident et s'est imprégné de l'univers décrit par cette grand-mère perdue au fin fond de la Russie du 19e.
Sans doute n'aurais-je jamais emprunté ce roman si j'avais su qu'il avait été prix Goncourt 1995 et ex-aequo du prix Médicis 1995, étant donné ma divergence de goût avec ceux qui s'arrogent
le droit de faire la pluie et le beau temps dans les prix de la rentrée littéraire ... Toutefois, si je ne peux pas dire que j'ai été transportée par ce récit que j'ai trouvé somme toute assez
lent et monocorde - mais cela est peut-être du au fait que je l'ai écouté en audio-livre... - je dois reconnaître qu'il a bien accompagné les travaux que j'ai fait pendant une semaine
dans la chambre de mon fils et qu'au final, j'ai fini par être intêressée même si l'action n'est pas trépidante, les rebondissements ou retournements de situation peu
abondants...
La langue employée par Andreï Makine, alors même qu'il ne s'agit pas de sa langue maternelle, est magnifique et sans doute est-ce cela qui a éveillé mon intérêt pour ce roman.
Bref, une lecture qui a su me séduire et presque "m'envoûter" au fil des pages.
En résumé : 15/20 pour cette rencontre assez inattendue.