4e de couverture : Www.antiaction.com est pris d'assaut. Beaucoup de compliments, qu'Arnold a d'abord trouvé outranciers, mais on s'habitue
vite. Ces enthousiasmes suivis d'épanchements sont souvent signés d'un prénom féminin accompagné d'une adresse e-mail, mais Monsieur Spitzweg s'est promis de ne pas
répondre. Certaines correspondantes comprennent cette attitude : " Ne perdez pas votre temps. Continuez seulement à cueillir le meilleur des jours." Cueillir le meilleur des jours pour des
Stéphanie, des Valérie, des Sophie ou des Leila, voilà qui n'est pas sans flatter l'ego d'Arnold, même s'il cueille davantage encore pour des Huguette ou des Denise.
Le jour où Arnold Spitzweg crée son blog, une petite révolution est en marche : l'employé de bureau discret jusqu'à l'effacement cède donc à la modernité mais sans renier ses principes. Sur la
toile, à contre-courant du discours ambiant prônant l'activité outrancière, il fait l'éloge de la lenteur et décrit l'inclination naturelle à la paresse. Contre toute attente, les écrits intimes
d'Arnold Spitzweg résonnent avec force chez des milliers d'internautes : on le félicite, on le sollicite, on parle de lui à la radio... L'homme anonyme fait l'événement. Comment vivra-t-il cette
subite notoriété ?
Mon avis : tout d'abord, une mise en garde car le début de la 4e de couverture est un extrait de la 107e page du roman soit au
3/4 du roman. Avant cela, même s'il est question de ce blog, il s'agit avant tout de la vie de Monsieur tout-le-monde et de ses pensées.
Arnold Spitzweg aime lire les blogs de journal intime et en les lisant lui est venue l'envie de créer "un blog léger, baladeur, à la surface des choses, sans philosophie ni morale -
celui qu'il eût aimé lire" (p 29) et qui parle entre autre de sa solitude choisie et aimée, de son goût à ne rien faire.
Et puis Monsieur Spitzweg lit "Bartleby l'écrivain" d'Hermann Melville et découvre la phrase fétiche “Je préférerais pas” qui est la réponse invariable et d’une douceur irrévocable qu’oppose
Bartleby, modeste commis aux écritures dans un cabinet de Wall Street, à toute demande qui lui est faite : cette résistance absolue, incompréhensible pour les autres, le conduira peu à peu à
l’isolement le plus total. Or, Arnold aime être inactif et il décide alors de renommer son blog Www.antiaction .com.
Au fil des semaines, il a de plus en plus de lecteurs et nous voici donc avec sujet qui nous concerne, vous et moi, puisqu'il porte sur le phénomène des blogs : ceux qui les tiennent et ceux
qui les lisent.
J'ai apprécié le personnage d'Arnold que j'ai trouvé sincère, intègre et attachant et surtout différent, ce qui fait sans doute le succès de son blog ainsi que les relations qu'il entretient
avec les autres !
J'ai aimé croisé dans le roman un fourmillement de références diverses et variées : France Inter, Philippe Geduk, Manhattan de Woody Allen, La vie et rien d'autre, Connelly, Donna
Leon, Stefan Zweig, Karen Blixen, La Fontaine et la Bruyère, Le train bleu de la Gare de Lyon, la télé-réalité . J'ai souri aux remarques sur les vélomoralistes, sur le plaisir de
fumer, sur les réflexions pertinentes d'Arnold quand ils observent ses contemporains.
Moi la provinciale affirmée, j'ai été touchée par la descriptions de Paris et nul doute que ses amoureux trouveront dans ce roman de quoi étayer leur passion étant donné que cette ville est
décrite tout au long du roman : elle en est un personnage à travers les promenades et les descriptions faites par Arnold.
L'écriture est agréable, fluide, les chapitres courts s'enchainent. Tout comme comme avec La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules, j'ai ressenti une certaine quiétude, une
impression d'environnement douillet, de calme à la lecture de court roman.
En conclusion : je mets la note de 16/20 à ce Bartleby-là et par curiosité, j'irai lire le roman d'Hermann Melville.