4e de couverture : durant la Seconde Guerre mondiale,
Primo Levi lutte en Piémont, aux côtés des maquisards italiens, contre les Allemands et les fascistes. Il a vingt-quatre ans, il est juif. Capturé en décembre 1943, il se retrouve peu après au terrible camp d'extermination
d'Auschwitz, en Pologne, où les juifs sont en majorité. Il y demeurera un peu plus d'un an, avant que l'armée russe ne le libère en janvier 1945.
Alors il observe tout, se souviendra de tout, racontera tout : la promiscuité des blocks-dortoirs; les camarades qu'on y découvre, à l'aube, morts de froid et de faim; le travail quotidien sous
les coups de trique des kapos; les "sélections" périodiques où l'on sépare les malades des bien-portants afin de les envoyer à la mort ; les pendaisons de quelques fortes têtes, faites en public,
pour l'exemple ; les trains, bourrés de juifs hongrois et de tziganes, qu'on dirige dès leur arrivée vers les crématoires?
Tous ces souvenirs, Primo Levi ne les oubliera jamais. Dès son retour de captivité, il en tirera ce livre, paru sous le titre Se questo è un uomo. Publié une première fois en 1947, il ne
connaîtra vraiment le succès qu'en 1958. Dès lors, ce très grand témoignage, l'un des premiers sur les camps d'extermination nazis, traduit en plusieurs langues, connaîtra le succès et ne cessera
d'être lu. Il en existe même une édition scolaire italienne tirée à cinq cent mille exemplaires.
Mon avis : voilà une lecture troublante sur un sujet douloureux. J'ai été frappée, à la lecture de ce roman,
par le détachement de Primo Levi qui nous présente des faits, des explications, des suppositions sur la nature humaine.
Ce qu'il raconte est terrible mais il garde une distance certaine et ne rentre pas dans l'affectif ce qui rend cet écrit d'autant plus fort. L'absence de dialogue renforce le sentiment
de mise à distance comme s'il nous présentait un documentaire dans lequel bien qu'ayant joué un rôle principal, il ne s'impliquait pas.
Dans
l'appendice qui suit le roman, l'auteur nous explique qu'il ne ressent pas de haine : "je préfère que mes pensées et mes actes soient inspirés par la raison". Et c'est effectivement cette
raison qui ressort tout au long du livre comme si l'horreur pouvait ainsi être maintenue à distance.
J'ai retrouvé des thèmes déjà rencontré dans Une journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne. : le froid, la peur, la privation, la mort, la débrouillardise qui
permet de survivre, la déshumanisation, les humiliations ...
Ce livre me laisse un sentiment étrange : j'ai lu beaucoup de livres sur cette période de l'histoire et je ne peux pas dire que j'ai appris de nouvelles choses avec celui-ci.
D'autres livres m'ont plus émue car ils étaient dans l'émotion : celui-ci m'a sans doute plus fait réfléchir puisqu'il est plus dans la raison et la réflexion.
En résumé : un livre à lire car certains faits ne doivent jamais tomber dans l'oubli. Je donne la note de 14/20 à ce
roman.
Un des passages qui m'ont bouleversé :
P 13 à 15 : Mais le 21 au matin, on apprit que les juifs partiraient le lendemain. Tous sans exception. [...]. Chacun prit congé à sa façon. [...] Mais les
mères, elles, mirent tous leurs soins à préparer la nourriture pour le voyage ; elles lavèrent les petits, firent les bagages, et à l'aube, les barbelés étaient couverts de linge d'enfant qui
séchaient au vent ; et elles n'oublièrent ni les langes, ni les jouets, ni les coussins, ni les milles petites choses qu'elles connaissaient si bien et dont les enfants on toujours besoin. N'en
feriez-vous pas autant vous aussi ? Si on devait vous tuer demain avec votre enfant, refuseriez-vous de lui donner à manger aujourd'hui ?
Le petit plus de Véro : il s'agit de la lettre L dans mon challenge ABC 2010. Par la même occasion, mon tour
du monde me fait passer par l'Italie.