4e de couverture : c'est à Londres, en 1943, que Joseph Kessel, conteur inégalable et premier chroniqueur de notre temps, à écrit "L'armée
des ombres", qui n'est pas seulement l'un de
ses chefs-d'oeuvre mais le roman-symbole de la Résistance que l'auteur présente ainsi : "La France n'a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n'a plus de lois. La désobéissance civique,
la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie.
Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celles des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et
d'où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des français meurent en hommes libres.
Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France."
Mon avis : quand j'ai vu ce livre à la bibliothèque, je n'ai pas hésité une seconde. D'une part, parce que j'ai vu plusieurs fois le film du même nom, d'autre part, parce que j'ai particulièrement aimé Les cavaliers dont je vous ai déjà parlé dans un billet (un petit clic ici pour ceux qui voudraient le consulter).
Au fil des pages, j'ai retrouvé des images du film tourné en 1969 par Jean-Pierre Melville avec, excusez du peu, Lino Ventura, Jean-Pierre Cassel, Paul Meurisse, Simone Signoret... et je dois dire que certains des personnages avaient clairement le visage des acteurs, en particulier pour Mathilde (Simone Signoret) et St Luc (Paul Meurisse).
L'armée des ombres est l'armée composée des résistants français durant la seconde guerre mondiale . Dès la préface, Joseph Kessel avertit son lecteur qu'" Il n'y a pas de propagande en ce livre et il n'y a pas de fiction [...] Pour les caractères, les situations, la souffrance la plus nue et pour le plus simple courage, il n'y avait qu'un tragique embarras du choix." En effet, et c'est sans conteste ce qui donne une telle force et une telle émotion à ce livre, ce roman présente la résistance française dans ses combats, ses peurs, ses souffrances, ses figures anonynes qui dès le départ ou parfois un seul jour, ont combattu pour la liberté au péril de leurs vies.
C'est au travers des yeux de Philippe Gerbier, membre actif de la résistance, que nous voyons la résistance : du camp de concentration dont il s'échappe, à l'exécution d'un traître, des portraits d'autres résistants aux notes personnelles concernant tant l'organisation des réseaux que sur l'acte lui-même de résistance, de sa veillée avant sa propre exécution à son sauvetage par Mathilde et jusqu'à l'exécution de celle-ci, Joseph Kessel nous donne à voir la résistance telle qu'elle était durant la seconde guerre mondiale. Bref un récit fort, poignant et tragique de la plume d'un grand écrivain de la littérature française contemporaine.
En résumé : je ne peux que vous conseiller la lecture de ce roman auquel je donne la note de 18/20 ainsi que la (re)découverte du film.
Un passage que j'ai aimé :
Page 30 : " La résistance. Tu entends ? dit encore Gerbier. Endors-toi avec ce mot dans la tête. Il est le plus beau, en ce temps, de toute la langue française. Tu ne peux pas le connaître. Il s'est fait pendant que l'on te détruisait ici. Dors, je te promets de te l'apprendre. "
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